La disparition des oiseaux alarme tout le monde, mais on oublie de signaler qu’une des causes de cette disparition est liée à la disparition des insectes. En effet une étude scientifique internationale révèle un "déclin dramatique des insectes volants de 76% en moyenne, et jusqu’à 82% au milieu de l’été, dans les aires protégées allemandes, en seulement 27 ans". Ces phénomènes ont et auront des conséquences très inquiétantes sur les écosystèmes et les chaînes alimentaires.
Quelles sont les causes de ces disparitions ?
Les auteurs de l’étude allemande étudient plusieurs causes possibles, comme le changement climatique et l’usage des sols. Mais ils les écartent plus ou moins pour ne retenir que les causes les plus plausibles : les changements liés aux pratiques agricoles.
L’intensification de l’agriculture produit plusieurs mécanismes qui se combinent, la simplification des paysages, avec la disparition des prairies et de l’élevage, qui s’accompagne de la disparition de tous ces éléments semi-naturels que sont les haies, les mares d’eau, les murets, tous ces sites dans lesquels les insectes se reproduisaient.
S’y ajoute évidemment l’utilisation de plus en plus intense des intrants chimiques : les insecticides bien sûr, mais aussi les herbicides, qui jouent certainement un rôle très important car ils éliminent la flore et les plantes dont se nourrissent les insectes.
Quelles en sont les conséquences ?
Elles sont multiples. Les insectes sont des maillons essentiels des écosystèmes et des chaînes trophiques (alimentaires). Ils sont à la base de l’alimentation de beaucoup d’autres animaux, notamment les oiseaux. Les perdrix, les alouettes, les hirondelles, tous les oiseaux communs des champs sont en diminution importante dans les zones agricoles, comme le montrent de nombreuses études. Et ce phénomène s’observe dans toute l’Europe.
Les insectes ont un rôle absolument clé dans le fonctionnement des écosystèmes agricoles. Ils contribuent directement à la production. L’exemple le plus connu est la pollinisation des cultures. Si on diminue la pollinisation, on diminue les rendements. L’impact sur l’agriculture devrait faire réfléchir les agriculteurs et la société tout entière, qui considèrent les insectes comme des pestes. C’est une vision courte, car ils sont indispensables à l’agriculture. Si on n’a plus de pollinisateurs, on n’aura plus de tomates dans nos jardins. Il existe beaucoup de fruits et de légumes pour lesquels la pollinisation est obligatoire.
Autrement dit, la disparition des insectes pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l’homme aussi ?
On ne peut pas imaginer un monde sans insectes. C’est comme si on se demandait ce qu’il adviendrait si on n’avait plus d’air. Car sans insectes, il n’y a plus d’écosystème, plus de nature. Or l’homme tire l’essentiel de ses ressources de la nature, et pas simplement son alimentation – il ne faut pas oublier par exemple que 75 % des médicaments proviennent de la nature. Leur diminution constitue un signal d’alarme très fort. On parle beaucoup du changement climatique. Mais il se passe sous nos yeux des phénomènes plus urgents et aux conséquences plus immédiates. Il faut donc agir, et vite.
De toutes les petites bêtes que l’on croise dès les beaux jours du printemps jusqu’aux premiers frimas hivernaux, peu sont celles qui ne nous font grimacer ou ne nous font ressentir un frisson craintif lorsqu’elles viennent à nous frôler ou, comble d’impétuosité, à se poser sur notre main. Certes, des entomologistes, des observateurs, se ruent à la recherche de la Punaise nébuleuse, du Charançon de la molène, du Bousier sacré ou de l’Araignée crabe… Mais pour les autres, les non-spécialistes, il n’y a pas beaucoup d’insectes qui donnent plaisir à voir. Deux toutefois se laissent regarder calmement, même avec une certaine joie, et peuvent se permettre d’aller poser sur nous leurs pattes sans déclencher de réaction… épidermique. Ce sont la libellule et le papillon.
Chacun appartient à un ordre biologique bien défini, dont les espèces et les individus sont plus ou moins nombreux. Les papillons, par exemple, de jour comme de nuit, comptent environ 5000 espèces en France. La Bourgogne et la Franche-Comté recensent près de 160 espèces de papillons de jour, et plus encore de nuit. Tout le monde a déjà croisé la Petite Tortue, la Belle Dame, le Paon du jour ou le Machaon…
Mais aussi, et celles-ci sont moins nombreuses et beaucoup mieux cachées, des espèces assez rares volent encore par chez nous, Bacchante, Solitaire des tourbières, Damier de la Succise, Petit et Grand Mars changeant, Azuré de la croisette, etc.
Le printemps arrivant, la métamorphose se termine, un joli papillon bleu foncé (d’où le nom d’Azuré) ou un peu plus brunâtre s’il s’agit d’une femelle sort du cocon. Il doit bien vite se sauver de la fourmilière car il n’est plus capable d’émettre les phéromones qui ont trompé les fourmis, elles n’en feraient qu’une bouchée. Le papillon rejoint alors la tourbière, à la recherche d’un partenaire pour recommencer le cycle.
L’Azuré de la Croisette n’est pas le seul petit papillon bleu qui volète dans nos prairies. On y croise aussi l’Azuré commun, l’Azuré bleu céleste… Mais il est l’un des plus rares et des plus fragiles.
Le monde des insectes, s’il parait pour beaucoup et à première vue sale et repoussant est, dès qu’on s’y penche un peu, fascinant et spectaculaire. Peut-être aurais-je l’occasion de vous en raconter d’autres anecdotes dans ces pages. Mais c’est un monde qui reste très sensible, c’est un des premiers à souffrir des bouleversements climatiques ou anthropiques. Nous avons encore la chance d’avoir dans notre petit coin de France quelques espèces sensibles mais exceptionnelles. Espérons qu’elles voleront encore longtemps dans notre ciel campagnard, et apprenons à les connaître, pour mieux les apprécier.
Editorial : Noël Jeannot
Article, photos et dessin : Thierry Morel
Mise en page : Sylvie Lacoste
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